1er mai
Ce qui me vient en premier lieu à l’esprit lorsqu’on évoque le 1er mai, c’est le massacre de FOURMIES (Nord) en 1891 où l’armée a tiré sur des manifestants ouvriers grévistes : 9 morts et une trentaine de blessés. Ils rejoignent ainsi la destinée de leurs prédécesseurs américains de CHICAGO en 1886…
Oui, le premier mai peut être la « fête » des travailleurs et non celle du travail comme on le dit souvent.
Ce 1er mai 2007 il pleut, il fait froid dans ma Gascogne. J’ai pas eu le courage d’aller à la manif à AUCH.
Des manifs du 1er mai, en cinquante sept ans d’existence, j’en ai vécu quelques unes. Date propice pour refaire le monde sur des bases généreuses et humanistes autour d’une bouffe bien arrosée !
Et c’était parti pour des luttes militantes dans nos usines de la vallée de la Fensh avec les copains de la « sidé ». CGT, CFDT les prises de tête !!...La Cégète qu’elle était acoquinée avec le P.C. de Marchais ! On soupçonnait le PC de vouloir introduire toutes les organisations ouvrières (c’était pas que de la parano)…mais, au bout du compte on arrivait à se retrouver pour défendre solidairement le bifteck et la dignité des prolos dont nous faisions partie.
On en est où aujourd’hui ? Depuis les années 70 le tissu industriel s’est désagrégé sans que les réactions ouvrières aient pu y changer quoi que ce soit. La solidarité qui était le fer de lance de ces luttes s’est transformée petit à petit au profit d’un individualisme dans lequel chacun a l’illusion de se protéger et…tant pis pour les autres !
Notre société moderne a formaté chez la plupart de nos concitoyens une réflexion politique réduite à celle que doit avoir une tranche de saucisson sec…
C’est pas toujours leur faute, « la faute des gens »…d’autres gens, bien installés dans leurs prérogatives ont su, très vite, comment s’adresser à ceux dont ils ont besoin pour les maintenir à leur botte.
Plus besoin d’esclaves et de fouets. Les tenants du pouvoir usent de moyens plus « soft » pour que ce pouvoir demeure inaccessible à la masse. L’étrange lucarne qui trône en 16/9ème, en écran plat, au beau milieu du salon fait partie, entre autres, des outils modernes à décérébrer…
La conscience politique s’acquière par la faculté qu’à un individu à réfléchir par lui-même afin de faire la part des choses, d’en déduire ce qui est bien et ce qui est mal et d’agir en conséquence. Qu’est-ce qui peut donc bien faire qu’un individu pense de telle ou telle manière ?…L’éducation, objet des acquisitions de référence et l’histoire, une lecture « saine » de l’histoire. Or nous en sommes arrivés à un stade où règne la confusion la plus totale dans les esprits (Oh ! pas tous !).
Comment expliquer que quelqu’un, aujourd’hui dans une situation plus que précaire aille donner sa voix, dimanche, pour un type dont le programme va à l’encontre des remèdes qu’il lui faudrait ? C’est pourtant pas compliqué de constater des faits !...Ce mystère ne peut s’expliquer que par une incapacité à lire, à décrypter correctement les messages reçus…donc de ne pas maîtriser les outils d’analyse.
Tant que les Hommes Forts, au sens réel du terme, c'est-à-dire ceux qui ont la force dissuasive, répressive, ceux qui peuvent réduire à néant celui qui n’adhère pas à leur façon de concevoir le monde, tant que ces Hommes là seront à même d’utiliser leur force, je crains que le rêve d’une société égalitaire ne demeure qu’un vœu pieux.
Et, si un mouvement de révolte se fait sentir que des « méthodes soft » ne suffiront pas à enrayer, alors les tenants de ce pouvoir « pour quelques-uns » n’hésiteront pas à lâcher leurs chiens sur tous les autres…et nous aurons encore l’occasion de repenser aux ouvriers de Fourmies, à ceux de Chicago, aux « Pou-piou du 17ème », aux Communards et aux anonymes qui ont laissé leur peau tant ils avaient des rêves de « Liberté Égalité Fraternité ».