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HUMEUR...
15 novembre 2011

Lettre ouverte à la Municipalité de Strasbourg

parJulie Del Papa, 20 ans
A Strasbourg, le 11/11/2011

Aujourd’hui, comme tous les autres jours, je me rends à mon lieu de travail à pied.

Aujourd’hui, comme tous les autres jours, je croise différentes personnes dans la rue, des hommes et des femmes, tout âge confondu, et parmi eux, des gens que l’on appelle «SDF».

Aujourd’hui, comme tous les autres jours, j’ai une boule au ventre, la gorge serrée, le coeur battant plus vite que la normale en passant devant eux.

Aujourd’hui, et comme tous les autres jours, un timide «bonjour» s’échappe de ma bouche, car je ne peux malheureusement leur offrir qu’un sourire, de la reconnaissance.

Je m’appelle Julie Del Papa, et j’ai vingt ans. Comme beaucoup de jeunes, j’ai du mal à joindre les deux bouts, et je n’ai donc pas les moyens de venir en aide à ces personnes. Mais vous ? Vous avez du pouvoir, des moyens.

Plus d’un million d’euros pour le marché de Noël ( dont 195 000 euros pour le seul grand sapin de la place Kléber, 510 000 euros pour les illuminations, 300 000 euros pour les animations, etc… ) ; plus d’un million d’euros de subventions versées par les collectivités locales pour le Grand Rallye d’Alsace ; et j’en passe ! Tout cela est-il vraiment nécessaire, dans le sens où est nécessaire un caractère qui ne peut pas être autrement, c’est-à-dire, qui ne peut pas ne pas être ? Est-ce vital ? Car pour ces personnes qui vivent dans la rue, ce sont leurs vies qui sont en jeu.

«Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.» ( article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme )

«Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. » ( article 25.1 de cette même déclaration )

Depuis le début de l’année, une quinzaine d’hommes et de femmes vivants dans la rue ont perdu la vie. Comment peut-on tolérer cela ? Comment peut-on rester indifférent, ne rien faire, et continuer ainsi ?

Alors oui, je suis en colère. Je suis en colère d’autant plus que vous, Monsieur le Maire, vous qui avez fait du combat socialiste le vôtre, vous devriez en toute logique lutter en permanence contre ces injustices. Votre inactivité, parfois, me fait penser que vous avez choisi cette étiquette du coeur qu’est le socialisme, non pas pour la défense de l’intérêt général, mais du vôtre, de votre ambition, de votre carrière.

Qu’avez-vous fait, concrètement ? Que comptez-vous faire ? Le droit au logement est un droit fondamental au même titre que les autres droits de l’Homme et du citoyen. Et il ne s’agit de là que d’une volonté politique, rien de plus, car à en voir les dépenses faites pour les différents évènements organisés par la Mairie de Strasbourg, nous ne manquons pas de moyens financiers.

Ce sont des personnes comme vous et moi, qui ont eu moins de chance dans la vie. Ce n’est pas inéluctable. Nous pouvons les accompagner, les aider à se réinsérer dans la vie active, leur redonner confiance.

Les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité sont les mêmes pour tou-te-s. Pourquoi certain-e-s y auraient plus droit que d’autres ?  Après tout, nous vivons tou-te-s ensemble, «dans le même bateau» ! Alors faisons en sorte que tout aille bien, pour chaque individu. Car des solutions existent, j’en suis persuadée.

En espérant recevoir une réponse de votre part, je vous prie d’agréer mes sincères salutations.

Julie Del Papa.


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