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HUMEUR...
2 décembre 2011

La Conf communique

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Vivadour: Des projets qui donnent la chair de poule !

La poule et son mâle, le coq (Gallus gallus), sont des oiseaux. Enfin, étaient des oiseaux, autrefois, au temps où ils volaient encore dans les forêts d'Asie du sud et d'Océanie. Une espèce fut domestiquée il y a plus de 6000 ans, probablement en Nouvelle Guinée disent les chercheurs, sans que ce soit une certitude. La facilité d'élevage a fait que ces animaux (devenus Gallus gallus domesticus) ont été adoptés progressivement par tous les peuples du monde, supplantant les oiseaux autochtones comme la pintade en Afrique ou le dindon aux Amériques.

Les oiseaux sont des animaux, c'est à dire qu'ils ont un psychisme, sont doués de sensibilité et peuvent se mouvoir, contrairement aux végétaux. Le poulet est le petit de la poule, c'est donc un oiseau et un animal qui a un psychisme, qui est doué de sensibilité et qui peut se mouvoir...  toutes choses totalement inutiles et qui ne mènent nulle part dans la vie.

L'homme moderne (Homo sapiens sapiens) vient donc d'inventer le poulet végétal. Le concept est révolutionnaire, largement en avance sur son temps, la porte est ouverte pour la prochaine étape : les cultures de cellules qui permettront d'obtenir du blanc de poulet directement en barquette.

On y travaille...

Des projets pharaoni­ques

Le projet de Vivadour d'implanter plusieurs élevages de poulets industriels dans le Gers a suscité une vague de protestations et une belle polémique. Pour le moment il est prévu 5 unités de productions de 726 000 poulets/an à mettre en place d'ici fin 2012, mais si cela marche, l'ambition est de faire beaucoup plus, ce n'est qu'une première étape. Le Gers va‑t‑il devenir le paradis du poulet ? Mais de quel poulet ? Et de quoi parle‑t-on exactement ?

Des conditions extrê­mes

Ce qui choque le plus le visiteur, c'est la densité. Mettre 24 poulets par mètre carré, ça va bien lorsque ce sont des poussins, mais à la veille de l'abattage, ça fait beaucoup. Il vit sur une surface à peine plus grande que la barquette dans laquelle il sera vendu. Pour donner une idée, vous prenez le journal que vous êtes en train de lire et vous imaginez trois poulets sur ces deux pages...

Évidemment, le poulet passe toute sa vie sur ses déjections. Peu importe puisqu’il a droit à une litière, sauf que la litière toute propre au début se sature assez vite, il se produit un dégagement d'ammoniac par décomposition de l'acide urique contenu dans les déjections. Il faut savoir que 60 à 70 pour cent de l'azote de la ration se retrouve dans les déjections.

L'apathie des animaux est frappante. Certes, les éleveurs parlent de « tranquillité », car les poulets se déplacent de moins en moins, élément troublant lorsque l'on sait que se sont des jeunes, qui comme dans toutes les espèces sont normalement très actifs. En fait, la croissance accélérée fait que leur masse corporelle devient supérieure au poids que leurs cuisses, que leurs os insuffisamment minéralisés, peuvent supporter. Progressivement cela les fatigue de marcher, puis ils ont mal aux cuisses, ils finissent par ne plus se déplacer que pour boire et manger et restent prostrés le reste du temps. Une attitude encore accentuée par les déficiences cardiaque et respiratoire liées à leur obésité et à leur manque d'exercice. Mais ça tombe bien qu’ils ne bougent pas, car bouger c'est gaspiller de l'énergie, donc de l'aliment, et ça coûte à l'éleveur.

Un aliment qui est d'ailleurs volontairement déséquilibré, surchargé en protéines, pour fabriquer du muscle, le consommateur et les industriels veulent une viande maigre. Peu importe la santé du poulet puisqu'il est promis à une fin précoce Tout est fait pour aller vite Ainsi les souches ont été sélectionnées pour leur appétit, le poulet doit toujours avoir faim, il doit se gaver tout seul. Signe que ça marche, on gagne tout les ans une demie journée dans la durée de l'élevage. A ce rythme, en 2050, on devrait élever les poulets en 18 jours !

   Le poulet, quelle chance, à aussi droit à l'air conditionné. En fait, on n'a pas trop le choix. Il faut évacuer l'ammoniac qui brûle les poumons, l'eau, car l'humidité, de la litière et de l'air favorise toutes sortes de fermentations et de maladies. Il faut aussi réguler la température car le métabolisme des poulets produit de la chaleur que leur organisme ne parvient plus à évacuer. Gare aux périodes de canicule, mais le froid n'est pas mieux car alors il faut chauffer à cause de la condensation.

On lui fournit aussi de la lumière 18 à 20 heures par jour, le veinard, car un poulet doit toujours voir sa gamelle s'il lui arrive d'avoir une petite faim. Dormir est une perte de temps et le temps, c'est de l'argent.

Bébé poulet

Malgré sa corpulence, le poulet est encore presque un poussin au moment de l'abattage. Il vient tout juste d'avoir ses plumes, sa chair n'a aucune qualité gustative. Comme le dit un texte qui en fait un atout : « Le prix est compétitif, à la portée des petits budgets, aux collectivités, à la restauration rapide. Utilisé pour la confection industrielle de plats préparés où les niveaux de prix sont plus importants que la qualité orga-noleptique. »

Le moins que l'on puisse dire est qu'il ne faut pas être trop regardant sur la qualité, et totalement hermétique au bien-être animal.

« Les problèmes locomoteurs, révélateurs d'anomalies musculaires et squelettiques des pattes, constituent une cause majeure de mal être. Les lésions cutanées telles que les dermatites de contact peuvent être très fréquentes. Elles affectent essentiellement les pattes, mais peuvent aussi se situer au niveau du bréchet.

Les pathologies cardio-vasculaires d'origine métabolique peuvent conduire à la mort des animaux » comme le dit un rapport de l'Inra en 2007.

Quel développement ?

Si ces projets posent problème sur le plan de la qualité de notre alimentation, sur le plan de l'environnement, sur le plan du bienêtre animal, ils posent aussi le problème du développement de l'agriculture.

La Coordination rurale voit dans ces projets une chance pour le Gers. « Le Gers n'a pas vocation à rester un écomusée paysan pour touristes ». Et puis il faut bien produire pour les pauvres !

Comme si faire du très bas de gamme était gratifiant pour les producteurs, et le manger, un plus pour les consommateurs !

Même son de cloche auprès de la Fdsea et des Ja.

Du moment qu'il y a des consommateurs pour ce type de production, que le Gers manque de poulets et que cela peut permettre à des jeunes de s'installer, il ne faut pas hésiter.

S'il faut produire 700 000 poulets pour toucher le smic, alors il faut éliminer les 95% des éleveurs en France : ce n'est pas de l'installation, c'est l'élimination des éleveurs à très grande vitesse.

Pour le Modef, il vaudrait mieux créer une dizaine de projets plus petits avec des productions de qualité plutôt qu'un grand. Ceux qui se lancent sur ces projets vont se retrouver pieds et poings liés à Vivadour pour des années.

La Confédération paysanne a rejoint tout naturellement les opposants aux projets Industriels.

Le poulet est une production vite mise en place qui permet un retour sur investissement rapide. Nous ne serons jamais compétitifs par rapport à des pays qui ont des coûts de main d'œuvre nettement plus faibles.

La production n'est pas satisfaisante, ni pour les producteurs, ni pour les consommateurs, seul Vivadour va y trouver son compte aux dépens des uns et des autres.

En 2005, la grippe aviaire a fait chuter le marché de 100 millions de poulets en France en expédiant beaucoup d'éleveurs au tapis. Aujourd'hui la consommation remonte... jusqu'à la prochaine crise. Selon le vieux principe, quand ça va mal on élimine les éleveurs, quand ça va bien on augmente la taille des élevages. La population agricole diminue d'un quart tous les dix ans. Ce genre de projet s 1 inscrit tout à fait dans cette dynamique de destruction de la ruralité. Il y ajoute une autre dimension : la perte de qualité des produits.


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