Le silence, toujours...*
De tous les politiques interpellés, seule Marie-Laure Darrigade Bellocq, Secrétaire Nationale du Parti de Gauche à l'Enfance, la Santé et la Protection Sociale, accompagnée de plusieurs membres du PG 32, a daigné faire le déplacement à Auch à la conférence de presse qu'organisait ce jeudi le Collectif de l’Institut du Moussaron composé de salarié(e)s, d’anciens salarié(e)s de l'Institut, de l’association des Paralysés de France, d’Autisme Gers, de la CGT Santé et de représentants de parents. Tous se sont exprimés pour dénoncer les dysfonctionnements latents qui régissent l'institution, dysfonctionnements pointés dans un rapport de l’ARS daté du 11 octobre 2013, fort complet, et ressemblant comme un frère jumeau à celui diligenté par la DDADS du Gers en 1999 !
Pas la moindre moustache d'un élu du Conseil Général du Gers, pas la moindre présence de candidats aux élections à venir, d'ordinaire si intarissables sur les problèmes de santé et de protection de l’enfance lors de leurs campagnes électorales... ce n'est pas faute d'avoir été sollicités à moult reprises par les salariés en lutte depuis 1995... Vous avez bien lu: 1995!
Presque 20 ans que les travailleurs sociaux de l'Institut dénoncent une situation digne des romans de Zola! Presque 20 ans qu'ils alertent les pouvoirs publics, les élus, la presse!
"Nous avons écrit à Marisol Tourraine, Marie-Arlette Carlotti, Valérie Trierweiller, Philippe Martin ancien président du Conseil Général du Gers et ancien député, aujourd'hui au gouvernement. Nous avons rencontré la députée du Gers Gisèle Biémouret, le Conseil Général du Lot-et-Garonne, l'ARS MP... Nous avons beau alerter, aucune réponse n’est à la hauteur de la gravité de la situation !"
L'Institut Médico-Educatif (IME) du Moussaron à Condom est une "entreprise" privée à but lucratif (il en existe 6 en France !) qui accueille (?) 80 enfants, adolescents et jeunes adultes en situation de handicap lourd. Parler d'accueil au Moussaron relève de la science fiction si on en croit les témoignages de ce jeudi après-midi:
"Suite à une alerte faite par des salariés et des familles, que nous avons rencontrés à maintes reprises, nous (collectif : Association des Paralysés de France-Gers, Autisme Gers, CGT santé Gers, collectif de salariés et d'anciens salariés) avons fait les signalements auprès de l'ARS, comme l'impose la loi dès la connaissance d'un cas de maltraitance. Nous avons aussi prévenu la préfecture, les services vétérinaires et l'inspection du travail qui sont aussi allés sur site.
L'ARS Midi-Pyrénées a diligenté une enquête avec inspection des lieux. La contention physique (sans protocole médical) a été remplacée par la contention chimique. Les jeunes sont enfermés la nuit dans des box sans eau ni toilettes, parfois nus, car ils "déchireraient" leurs vêtements. Ils n'ont pas de suivi médical spécialisé, pas de neurologue (ce qui est très grave pour des épileptiques), pas de suivi dentaire, gynécologique, pas de traitement de la douleur...
Nous venons d'obtenir le rapport fait par l'ARS. Le constat est accablant ! Il fait état de dysfonctionnements graves, les mêmes que nous avons signalés. Malgré cela la même famille qui dirige l'établissement reste en place. Et la réponse de l'ARS aujourd'hui est loin d'être satisfaisante... Quand nous demandions une mise sous tutelle, la réponse est : on prend les mêmes et on recommence !"
Les propos ci-dessus tenus par le Collectif donnent la couleur de l'ambiance qui règne à Moussaron. Et la liste est longue. Seuls quelques salarié(e)s montent courageusement au créneau pour dénoncer cet état de fait malgré les antécédents subis par leurs 3 collègues condamnés pour diffamation par le passé alors qu'ils dénonçaient, déjà, les mêmes choses. Aux dires de ceux-ci, la majorité du personnel est sous l'emprise d'une hiérarchie qui peut, du jour au lendemain, mettre un terme à leur contrat de travail. Une centaine de salariés interviennent chaque jour au Moussaron. Après l'agriculture, le secteur de l'enfance inadaptée est le deuxième employeur du département. Nul doute qu'une forme de "chantage" à l'emploi rend aveugle ceux de nos responsables qui ne veulent pas voir. Pour information, des élus seraient allés visiter le site, auraient déposé une plainte en rapport à l'état des locaux (pour se couvrir?) mais n'auraient rien observé d'étrange dans le fonctionnement car n'ayant pu voir ni approcher personne sinon la direction! (100 salariés et 80 enfants, ça devrait pourtant se voir, non?)
Le Collectif n'a qu'une exigence et elle est de taille:
"Nous demandons donc, encore une fois, qu’un administrateur provisoire soit nommé immédiatement et que lui soit confiée la mise en conformité de l’établissement. C’est URGENT !"
*Pour mémoire, un bon article de Henri Haget "Les enfants du silence" publié dans l'Express du 11 novembre 1999 (14 ans déjà!)
Article Sud-Ouest du 22 novembre2013
Article Dépêche du Midi du 22 novembre 2012